Conservation
et restauration

Partager

Partager

Préserver cette oeuvre textile millénaire

Récemment, un constat d'état matériel de la Tapisserie de Bayeux a permis de dresser un bilan précis des dégradations ou interventions survenues au cours des siècles. Cette analyse fine, jamais réalisée auparavant sur la face avant de la broderie, va en améliorer sa connaissance pour mieux la préserver.

Plusieurs analyses ont déjà été menées sur la présentation actuelle de la Tapisserie de Bayeux en matière de conservation préventive (suivis décennaux, étude climatique et d’éclairage, empoussièrement, campagnes d’imagerie scientifique…). En 2020, la DRAC de Normandie, service déconcentré du ministère de la Culture, assisté par la Fabrique de patrimoines en Normandie, a pu lancer l’exécution d’une étude préalable sur la face brodée de l’œuvre. Les résultats de ces études conditionnent les interventions nécessaires à sa stabilisation et appellent une analyse sur son mode de présentation. Ils vont également nourrir les réflexions sur le projet architectural et muséographique en cours d’élaboration.

Manipulation de la Tapisserie de Bayeux

Méthodologie

Pendant la fermeture annuelle du musée, une manipulation minutieuse et experte de la Tapisserie de Bayeux s’est opérée pour donner un accès direct à l’oeuvre, sans l’interface de sa vitrine. Recrutée par la DRAC Normandie, une équipe de huit restauratrices-conservatrices spécialisées en textiles, a pu ensuite opérer en moins d’1 mois l’examen de la toile de lin, centimètre par centimètre, sur ses 68,38 mètres de longueur. Chaque jour, les altérations repérées ont été reportées directement sur l’outil numérique SIDS (développé par l’Université de Caen et le CNRS) via la saisie sur tablette dont chacune des restauratrices était équipée.

Constat d'état sur le SIDS

tâches, plis et déchirures

Certaines altérations sont les témoins de l’histoire de l’œuvre, elles seront donc conservées à moins qu’elles ne constituent un risque d’aggravation de son état. À titre d’exemple, la présence de trous de clous dûs à d’anciens accrochages, des réparations de la toile, ou encore des tâches de cire provoquées par l’éclairage à la bougie dans la cathédrale, ont pu être répertoriées. Dans le cadre du projet de rénovation du musée, le comité scientifique a estimé qu’une restauration de l’œuvre était nécessaire pour stabiliser l’état de dégradation et garantir une meilleure conservation. Elle devrait être programmée à l’issue de la réouverture du musée, après 2027.

Perspectives

Dans le cadre de la rénovation du musée, la DRAC de Normandie est aujourd’hui engagée dans la commande d’une étude afin de déterminer non seulement les modalités d’extraction de l’œuvre de son lieu actuel et les conditions de sa restauration, mais aussi les caractéristiques d’une nouvelle vitrine de présentation pour l’œuvre. Cette nouvelle vitrine devra permettre d’optimiser les conditions de conservation et d’exposition de ce chef d’œuvre du Moyen Age dans son nouvel écrin. Dans cette perspective, le comité scientifique a émis la préconisation suivante : « seule la restauration de la Tapisserie de Bayeux justifiera son déplacement ».