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Introduite à Bayeux au XVIIe siècle par volonté épiscopale, la dentelle à la main atteint son apogée au XIXe siècle. La spécialité de la dentelle de Bayeux est la dentelle aux fuseaux. Au MAHB, la présentation des pièces les plus luxueuses s’effectue dans l’esprit d’un show-room de haute couture tandis que les aspects techniques de cet art textile sont développés dans l’atmosphère d’un atelier de manufacture de dentelles.
Après la Révolution sous l’impulsion des négociants, la dentelle s’élève au rang d’industrie à Bayeux. Vers 1830, on dénombre une vingtaine d’entreprises qui emploient près de 15 000 dentellières dans l’arrondissement. La ville est alors l’un des plus importants centres dentelliers d’Europe. La manufacture Lefébure a marqué de son empreinte le passé dentellier de la ville.
En 1829 Auguste-René Lefébure rachète la fabrique de dentelles de Mme Carpentier (fabricante de dentelles de S.A.R. Madame la Dauphine). Il ouvre également une boutique à Paris. La maison Lefébure destinera de plus en plus ses créations au marché du luxe. Au début du Second Empire, le commerce est florissant en particulier vers les marchés espagnols et sud-américains. L’industrie de la dentelle à la main s’effondre brutalement à partir de 1870 au profit des productions mécaniques. La tradition est néanmoins sauvegardée tout au long du XXe siècle grâce à l’Ecole de dentelle de la Maison Lefébure.
La dentelle de Bayeux, en soie blanche ou noire, tient sa renommée de la qualité et la diversité de sa production. Parmi les plus belles pièces exposées au musée, on retrouve les dentelles en soie noire dites « Chantilly » à la finesse inégalée, et les blondes de soie écrues dites « blondes de Caen » aux effets moirés. Si la dentelle aux fuseaux était destinée le plus souvent à orner les vêtements féminins de volants ou de galons, elle pouvait constituer des parures complètes, fichus de tête, mantilles, étoles, ou encore garnir différents types d’accessoires comme les ombrelles ou les éventails.
Les milliers de pièces de dentelle produites à Bayeux se regroupent en trois familles principales : le « Bayeux » en lin ou coton blanc, le « Chantilly » de soie noire, et enfin la « Blonde » de soie écrue. Très caractéristique, le dessin figuratif du « Chantilly » est à dominante de décors floraux, nuancé par des effets ombrés dans les motifs.